Suite au podcast entre Mathieu Plane, Directeur adjoint au Département Analyse et Prévision de l’OFCE et Emmanuelle Servaye, Chief Marketing Officer chez oodrive, nous avons pu dresser un premier bilan de la crise Covid-19 mais également déterminer les opportunités que cette pandémie a dévoilées, voire créées.
Covid-19 : bilan d’une crise inédite
Il s’agit d’une crise majeure et inédite à plusieurs égards. D’une part parce que nous n’avions pas observé de tels impacts économiques depuis la fin de la seconde guerre mondiale, et d’autre part en raison de la nature même de la crise, puisque celle-ci revêt d’un côté les aspects d’une crise sanitaire et de l’autre ceux d’une crise économique.
De façon plus concrète, on constate en France depuis le premier confinement une baisse de 20% de l’activité totale, tous secteurs confondus. Pour prendre la pleine mesure de cet impact, mettons cela en balance avec la crise des Subprimes et l’effondrement de Leman Brothers en 2008, où la baisse d’activité totale avait alors été de 3%.
En outre, l’instabilité latente de la crise de la Covid-19 renforce sa singularité. La France, tout comme le reste du monde d’ailleurs, navigue à vue et rencontre donc de grandes difficultés à anticiper les effets à court, moyen et long terme. Le choc n’était pas sensé durer, mais force est de constater que les conséquences s’installent dans le temps et qu’une adaptation de tous les acteurs de la société ; entreprises, pouvoirs publics comme particuliers, est nécessaire pour maintenir le cap vers la sortie de crise.
L’analyse économique et l’établissement de scenarii qui en résultent sont assez complexes puisque les points d’entrée de cette crise varient d’un secteur à l’autre. D’une façon peut-être plus évidente, les secteurs qui ont trait aux différentes interactions sociales sont particulièrement touchés : la culture, la restauration, le sport… Il en est de même pour tous les secteurs liés au tourisme : l’hôtellerie, l’animation touristique etc.
L’aéronautique est également un secteur très touché par la crise. Il s’agit d’un véritable fleuron de l’économie française, puisque c’est le secteur dégageant le premier excédent commercial de l’hexagone, participant pour beaucoup à notre rayonnement international.
Enfin, cette réorganisation brutale du travail en entreprise est un constat de grande ampleur et aux multiples conséquences. Il est nécessaire de rappeler que bon nombre d’organisations n’étaient pas prêtes à déployer du télétravail intensif. En raison de leur structure, de leurs ressources et/ou de leur culture d’entreprise. Chez oodrive, nous avons constaté une forte affluence de demandes pour transformer des postes de travail traditionnels en véritable DigitalWorkPlace. Mais nous avons également noté une grande disparité dans la capacité de ces entreprises à mettre en place et gérer ce nouveau mode d’organisation. Ces sociétés qui ont dû s’équiper pour faire face à ces changements ont logiquement ouvert la voie à de nouvelles opportunités faites aux collaborateurs de repenser leur rapport au travail.
Quelles sont les opportunités révélées par la crise de la Covid-19 ?
Au-delà des nombreux drames qui se jouent autour de nous, il est important de se rappeler par ces temps mouvementés, que chaque crise est un vecteur d’opportunités. Une crise, c’est aussi le temps de l’amélioration, de l’apprentissage, de la création. Nous pouvons remarquer l’émergence ou l’accélération de certains secteurs, certes privilégiés, mais catalyseurs de croissance. La crise résultant de la pandémie n’échappe pas à la règle (et heureusement !) et voit le Numérique, la Santé, l’Agroalimentaire et les secteurs liés à la Transition Energétique tirer leur épingle du jeu.
S’il existe bien une opportunité qui va au-delà de la sectorisation de l’économie, c’est la façon même de travailler que la crise de la Covid-19 a permis de repenser à travers la démocratisation intense et rapide du télétravail. Il y a encore moins d’un an, le Home Office était pratiqué par 7% des français, en additionnant les télétravailleurs réguliers comme les occasionnels. Depuis la crise, ce chiffre plafonne à 30% dans l’hexagone, et l’Ile de France comptabilise à elle seule 47% de cette nouvelle pratique. De plus, ce qui permet de transformer cette occasion qu’a été le travail à distance en véritable mutation organisationnelle, est le maintien de l’activité voire même l’augmentation de la productivité de nombreuses entreprises dans un moment aussi tragique et délicat. Cette observation permet de tirer une conclusion positive : il existe des gisements de productivité encore non-identifiés ou non-exploités (temps de transport, discussions, équilibre pro-perso…)
De plus, de nombreuses mutations à venir sont en lien avec cette nouvelle façon de travailler :
Mutation sociale
Les changements sociétaux sont peut-être les plus évidents à identifier. Il s’agit là de repenser les conditions de vie des salariés. Les collaborateurs sont invités à questionner leur rapport au travail, interroger leur relation entre leur vie professionnelle et leur vie privée.
Mutation géographique
Cette possibilité de mûrir l’organisation du travail ouvre la voie à son tour à une redynamisation territoriale. Les profils qualifiés, qui avaient tendance à partir en agglomération, ont désormais la possibilité de rester dans leurs environs ou d’en choisir d’autres, jusqu’alors présentés comme « moins attractifs » que les grandes métropoles et leurs alentours. Cette véritable redistribution territoriale rebat également les cartes des Ressources Humaines, qui voient leur vivier de recrutement considérablement augmenté. Également, en conséquence de cette redistribution géographique, une réflexion concernant l’immobilier de bureaux est également à mener.
Mutation organisationnelle
Ce nouveau rapport au travail qui voit s’affiner de plus en plus la délimitation pro/perso justifierait-il un allègement foncier pour les entreprises ? La réponse à cette interrogation n’est malheureusement pas prévisible avec précision. En revanche, ce qui l’est davantage, c’est que le modèle des bureaux implantés, fixes, n’est certainement pas celui de demain. Nous voici donc à l’aube d’une des nombreuses transformations économiques résultant de cette crise inédite.
Mutation écologiques
Les enjeux liés à la transition énergétique sont au centre des transformations sociales, géographiques et organisationnelles que nous venons de soulever. En effet, la décarbonation de l’économie se fait de plus en plus pressante. Les différents confinements, au-delà d’avoir considérablement réduit les émissions de gaz à effet de serre des économies mondialisées, ont surtout montré que cela était possible. Mais cantonner cette avancée pour le climat à 2020 seulement ne suffit pas. Se posent également, des problématiques relatives à une réduction de la mobilité et à des transports plus verts, parmi tous les défis que rassemble la velléité française de devenir la première économie décarbonée du monde !
Faire face à ces nouveaux enjeux
Si 2020 a récemment tiré sa révérence, cette crise n’est pas terminée pour autant ! Il va donc falloir apprendre à vivre avec encore un temps. Et pour les entreprises, cela revient à s’affranchir de toute dépendance aux évolutions de la pandémie.
Le plan de relance du gouvernement français s’inscrit dans cette logique de mutations profondes, dans le sens où ce dernier adopte une vision à moyen-long terme. Pour donner une idée plus précise de son envergure, rappelons que celui de 2009 était de 35 milliards d’euros. Le plan de relance économique de la crise de la Covid-19 est quant à lui de 100 milliards d’euros.
En plus de la réponse gouvernementale à l’épineuse question purement économique, les pouvoirs publics prennent part à l’enjeu de relocalisation industrielle pointé du doigt par cette crise sans précédent, en baissant notamment l’impôt sur la production. Il s’agit entre autres de rapprocher le producteur et le consommateur. Cette façon de produire et de consommer plus responsable constitue un intérêt stratégique pour la France, un intérêt économique pour les entreprises et enfin un intérêt écologique pour tout le monde !
Si le gouvernement souhaite réellement transformer les opportunités dévoilées par la crise en mutations sociétales, économiques et écologiques pérennes, il subsiste un léger bémol à court terme au niveau des pertes d’entreprises et de leurs fonds propres. Les 3 milliards avancés suffiront-ils ? Les prêts garantis par l’Etat ont augmenté certes, mais quid du remboursement et de leurs échéances ? Une fois encore, les réponses à ces questions sont délicates.
A l’échelle européenne, il est rassurant de savoir que tous les pays font de la relance. La banque centrale garantit ses emprunts et il existe un vrai plan européen d’une valeur de 750 milliards d’euros. Ce dernier est axé sur la transition énergétique, l’écologie et la formation. Les seules divergences notables sont liées à la souveraineté économique de chaque Etat membre. Bien qu’alignés avec la France dans la globalité du plan de relance, l’Allemagne et l’Angleterre ont impulsé une vision plus court-termiste mettant en place une baisse de TVA temporaire dans le but de stimuler la consommation.
Si les gouvernements, à échelle nationale ou européenne, font face à de nombreux défis, les entreprises ont également leur lot. Tout le challenge réside dans la réussite de la transformation des obstacles jalonnant cette crise en véritables opportunités économiques, écologiques et sociales. Il est donc nécessaire pour les entreprises de se doter des outils adéquats afin de ne pas (- ou de ne plus) subir ces profonds changements. Et c’est dans l’optique de garantir cette liberté d’actions qu’oodrive intervient.
Pour conclure sur une note positive, la crise sans précédent de la Covid-19 aura permis de révéler des ressources jusqu’alors insoupçonnées et une remarquable capacité d’adaptation humaine et structurelle. Saisir au vol la possibilité de repenser l’organisation au travail aura permis de lever le voile sur de nombreuses opportunités sociétales, économiques et écologiques qui seront bénéfiques à terme. Afin de ne pas dévier de ce chemin escarpé vers l’horizon indiqué par cette crise, les entreprises doivent continuer leur transition digitale vers ce secteur d’avenir plus que jamais présent, le numérique responsable.